Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/41

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bordure jaune ; elle s’était coiffée en grosses coques disposées sur trois rangs des deux côtés de la tête, à la mode d’Anjouan. M. Destouches la regarda un instant, mais la jugea trop négresse et passa. Sélam fut froissé dans son amour-propre et déçu dans sa cupidité. Il n’en laissa rien voir, et poussa la quatrième plutôt timide.

C’était une petite fille sakalave, qui pouvait bien avoir dix ou onze ans ; elle reniflait comme un enfant qui a perdu son mouchoir ; de fait elle n’en avait jamais possédé, mais, devant le vazaha, elle n’osait se moucher entre les doigts, à la façon du pays, et deux choses blanches, qui n’étaient pas des perles, sortaient de ses narines. M. le Directeur en eut presque la nausée.

Il reporta ses regards avec complaisance sur les trois derniers sujets, des Sakalaves grandes et bien faites, à figures naïvement bestiales encadrées de chevelures laineuses. Une surtout le séduisit : elle avait la narine gauche percée et ornée d’une petite rosace d’or, grosse comme une pièce de quatre sous. Quel riche thème pour d’ultérieures conversations dans les salons parisiens ! Que de variations possibles sur les modes des femmes qui se percent ici les oreilles et là le nez ! Il se décida pour cette ramatou délicieusement sauvage, et d’un geste congédia le reste du troupeau.

Les gens du cercle virent deux ombres monter l’