Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/44

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des Houves, des Sakalaves. De grosses matrones nues jusqu’à la ceinture, étalaient au soleil d’énormes et flasques mamelles, plus pendantes que le fruit du baobab ; de frêles Malgaches aux reins cambrés, enveloppées d’étoffes multicolores, cachaient à demi leur visage, avec le désir d’être vues sous les voiles jaunes et rouges. Des petites filles nues jouaient par terre : elles avaient pour toute parure un collier de perles blanches et bleues autour des hanches, et, au poignet, un minuscule bracelet d’argent.

Tout cela grouillait, riait, chantait ; la chair brune, la chair jaune, la chair noire s’offraient aux baisers du soleil ; leurs effluves se mêlaient, dans l’ardeur du matin d’Afrique, aux senteurs fortes de la brousse voisine ; les cases blanches, les étoffes aux tons violents, dans la lumière tropicale, gênaient les yeux à force de les éblouir ; les sons lointains et saccadés d’un tam-tam accompagnaient de leur harmonie sauvage cette orgie sensuelle de désirs, de couleurs et de parfums. M. Destouches, trépidant, sentait s’exaspérer sa neurasthénie. Par le sentier qui dévalait vers la ville, il s’en revint, à l’ombre des baobabs, des flamboyants et des bois-noirs.

L’après-midi, il visita Mahabibou, le village indigène, à une demi-heure de Majunga, au bout d’une longue route droite, bordée d’arbres et de tombeaux. Il erra dans le quartier makoua ; il vit des négresses