était à une de ces époques, fréquentes dans la vie des femmes, où le sacrifice d’amour est nécessairement ensanglanté ; la forte odeur de sa race, portée au paroxysme, avait découragé les velléités amoureuses du vazaha.
Le Comorien déclara qu’il n’y avait plus rien à faire ce soir : toutes les oiselles étaient couchées. M. Destouches, avec un regret pour les cinq dédaignées, s’en fut se mettre au lit : il dormit mal, se leva le lendemain matin de fort méchante humeur et se dit que la journée lui paraîtrait longue. Il promena son rut inapaisé dans tous les coins pittoresques de Majunga : partout il connut la tentation, lui qui n’était pas un saint, par les apparences diverses de la femme innombrable. Il monta vers le Rouva, à travers une brousse de bois-noirs, de flamboyants et de jeunes baobabs. La vieille forteresse est transformée en caserne pour le 3e régiment de tirailleurs sénégalais ; lorsqu’il eut franchi la grande porte monumentale, M. le Directeur, en quête d’imprévu, fut tout étonné de se trouver transporté dans un village africain. Les soldats noirs vivaient là en famille : ils s’étaient bâti des maisons comme dans leur pays natal, des cases rondes en terre, peintes en blanc, avec des toits de chaume coniques. Il y avait là des femmes de toutes les races, des Bambaras, des Peulhes, des Sénégalaises amenées d’Afrique, des Makouas, des Comoriennes,