Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/49

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RAMASSE-MOI MON LAMBA


A Saint-Cyr, il avait pris l’infanterie coloniale par goût des aventures. Terrien d’origine, enfermé pendant dix ans dans les geôles universitaires, il sentait un besoin éperdu des larges horizons marins, des traversées lointaines. Au lycée, dans la tristesse des salles d’études, sous l’œil hostile du pion, il imaginait des voyages en Extrême-Orient, des croisières le long des plages lumineuses, bordées de cocotiers, défendues par les récifs de corail, des explorations à l’intérieur du continent noir, des vices-royautés éphémères en Papouasie ou chez les nègres. Devenu saint-cyrien, il rêvait de conquêtes exotiques, de femmes de couleur possédées sur des terrasses blanches dans les nuits asiatiques, ou sur les nattes des cases en bambous, dans les soirs d’Afrique. Il souhaitait, pour sa première colonie, le Haut-Sénégal, avec les paillotes rondes abritées sous des baobabs, l’énorme fleuve peuplé d’hippopotames et de caïmans, les négresses aux lourds seins nus, ou bien Tahiti, l’éden austral, où des femmes