Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/50

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couronnées de fleurs viennent se prostituer, sous les tamarins, aux hommes de l’Europe, ou encore l’Indo-Chine, objet des désirs de tous ses camarades, avec les fumeries d’opium et les congaï aux formes équivoques d’androgynes.

Il eut Madagascar : ce fut une déception. Sur le bateau, des camarades le consolèrent en lui faisant un éloge très documenté des femmes malgaches, surtout des ramatous Imériniennes. A Diégo-Suarez il connut son affectation pour Tananarive, et fut ravi. On descendit à terre, en bande, pour voir la ville : nouvelle désillusion. C’était un dimanche. Les femmes d’Antsirane et celles de Tanambô s’étaient donné rendez-vous dans les rues ensoleillées ; elles se promenaient par groupes de deux ou trois, vêtues de leurs plus beaux atours. Il y avait là des Sainte-Mariennes, au nez busqué, aux lèvres volontaires, leurs lourds cheveux ramassés en trois grosses boules sur la nuque et les côtés de la tête, des Antankarana, grandes et sveltes, avec un beau masque de bestialité impassible, des Betsimisaraka, petites et menues, aux traits presque réguliers, aux yeux rieurs et prometteurs. Presque toutes, coiffées de grands chapeaux bergère, en paille de rafia, bordés et couverts d’une profusion de rubans aux couleurs éclatantes, étaient drapées dans des lambas voyants, ornés de dessins extraordinaires : des soleils, des lunes, des étoiles noires