Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/56

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ne manquait pas à Tananarive de ramatous aussi jolies et plus aimables. Il fit quelques pas dans la chambre, tapota un instant sur les vitres, puis se retourna brusquement. Elle était cambrée en arrière. Ses jeunes seins pointaient sous la fine chemisette brodée à jour ; ses lèvres lilas s’ouvraient à demi en un sourire voluptueux où brillaient les dents très blanches ; ses cils battaient et voilaient d’une ombre ses yeux d’enfant. Jamais aucune femme indigène ne lui avait inspiré un désir aussi violent. Il revint vers elle.

— Embrasse-moi. Je veux.

Mais elle se détournait, inerte, passive, regardant la fine étoffe de soie rose qui gisait par terre, sans même se donner la peine de répéter encore :

— Ramasse-moi mon lamba…

Il s’entêtait à l’embrasser, avec l’espoir de triompher de cette froideur voulue, et de se faire rendre ses caresses. Il la sentait à la fois vibrante et butée dans son idée fixe. Non, il ne s’abaisserait pas à ramasser le lamba.

Il se rappelait une scène presque pareille, dans une chambre garnie, à Paris. Il avait courtisé huit jours une fort jolie femme dont il se croyait ardemment épris, un mannequin de l’avenue de l’Opéra. Elle était enfin venue à un premier rendez-vous. Il l’avait déshabillée passionnément, des pieds à la tête, avec des maladresses d’amoureux ; plus tard elle