Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/55

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glissant le long des épaules, était tombé par terre. Elle fit une œillade au lieutenant, reprit un air détaché, et dit, très douce :

— Ramasse-moi mon lamba…

Il hésita quelques secondes avant de répondre, plus étonné encore que furieux. Se moquait-elle de lui, comme la veille, ou voulait-elle tenter une épreuve ? Quoi qu’il en fût, cette sauvagesse méritait d’être remise à sa place. Il fallait lui parler en maître, au lieu de se laisser traiter par elle en esclave.

— Pour qui me prends-tu ? s’écria-t-il. Te figures-tu qu’un vazaha fera les trente-six volontés d’une petite Malgache comme toi ? Ramasse ton lamba toi-même, ramatou !

Elle ne répondit rien, le regarda de nouveau, puis, détournant les yeux, elle jeta un coup d’œil du côté du lamba, et sourit. Lui s’approcha ; passant un bras autour de sa taille, il voulut l’embrasser. Elle détourna la tête, refusant ses lèvres.

— Sois gentille, Raketaka. Voyons ! Tu n’es pas venue chez moi pour me bouder…

Mais elle, gardant toujours le même sourire énigmatique, répéta d’un petit air têtu :

— Ramasse-moi mon lamba…

Décidément elle le prenait pour un imbécile. Certainement non, il ne ramasserait pas le lamba. Il se priverait plutôt de la posséder. Après tout, il