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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/7

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eut peur ; s’accrochant aux lianes qui tombaient des branches, elle se souleva pour regarder. L’être merveilleux se tut, et elle vit un grand oiseau, aux ailes couleur de lune, qui prit son vol et disparut dans l’ombre de la forêt.

Iasitera s’enfuit épouvantée et courut d’un trait jusqu’à la case de ses parents. Tout était tranquille ; la lumière du foyer filtrait entre les fentes des parois de roseaux, et la fumée bleuâtre s’exhalait du toit, comme un brouillard, dans l’air transparent de la nuit. Sur le plancher en rapaka, la famille déjà était accroupie en cercle pour le repas du soir, autour de la grande feuille de ravinala, où fumait le tas de riz. La mère s’apprêtait à découvrir le pot plein de brèdes cuites. On ne se préoccupait plus de l’absente : libre de son corps, elle était allée sans doute partager la case d’un homme.

Iasitera écarta la claie servant de porte ; debout sur le seuil, elle cria d’une voix entrecoupée :

— J’ai entendu l’Oiseau-d’Argent !

Les petits la regardèrent d’un air ébahi, la mère resta immobile avec le couvercle de la marmite à la main, le père attendit des paroles plus compréhensibles.

— Mon père et ma mère, reprit Iasitera, j’ai entendu l’Oiseau-d’Argent-qui-chante-dans-la-forêt, l’Oiseau dont le chant fait mourir !

Cette fois tous comprirent, même les petits ; par la