Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/8

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porte ouverte il sembla qu’un souffle de terreur entrait dans la case ; les flammes du foyer à demi éteint se mirent à vaciller étrangement ; les cendres soulevées voltigèrent jusque sur le riz, signe funeste pour la prochaine récolte. Jeunes et vieux regardaient dans la nuit, derrière Iasitera, avec la peur de voir les Êtres-Épouvantables-qui-rôdent.

Et l’aïeule aussitôt s’écria :

— O Iasitera, pourquoi as-tu écouté l’Oiseau-d’Argent-qui-chante-dans-la-forêt ? Qui l’a entendu doit mourir, avant la fin de la sixième lune. Ainsi l’ont dit les Anciens. Ni les oudy puissants apportés par nos oumbiasy du pays Antaimourou, ni les fanafoudy efficaces que vendent les médecins des vazaha, ne pourraient te sauver. Il faut que tu meures, si les Ancêtres n’ont pas menti. Et que l’Arracheur-de-foie m’arrache le foie, si jamais les Ntôlou ont menti ! Pourquoi l’Oiseau-d’Argent a-t-il chanté près de toi sur l’arbre de la forêt, ô Iasitera ?

Et les frères et les sœurs de Iasitera, et ses parents en larmes répétaient :

— O dry ! Iasitera, ô ! Pourquoi a-t-il chanté sur l’arbre, l’Oiseau-d’Argent-qui-chante-dans-la-forêt ! O dry ! Iasitera, ô !

Et il semblait à Iasitera qu’elle entendait déjà les lamentations des siens après la minute de sa mort.