Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/71

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tout ce que lui avaient dit les Monpères ; mais, en son esprit de jeune barbare, les idées traditionnelles des Ancêtres se mêlaient aux superstitions chrétiennes ; avec les histoires ressassées par ses grand’mères païennes et les bribes de catéchisme apprises à l’école, il s’était fait une étrange religion, où les Anges et les Diables voisinaient avec les Loulo et les Angatra, où les fady anciens gardaient leur place à côté des commandements de Dieu et de l’Église. Puisqu’il était sûr de retrouver sa femme au Ciel, puisque d’autre part il ne pouvait vivre sans elle, il n’avait qu’à mourir pour la rejoindre plus vite. Lorsqu’il se fut mis cette idée en tête, rien ne put la lui enlever, ni les plaintes de sa mère affolée, ni les objurgations du Monpère, qui lui rappelait l’interdiction du suicide, édictée par l’Église, le menaçait de la damnation éternelle et de l’éternelle séparation d’avec Ravô. Rien n’y fit. Rafaralahy croyait à l’autre monde, à ce vague Au-delà promis par toutes les religions pour leurrer les hommes ; cet Au-delà représentait l’union avec Ravô. Peu importait le lieu où elle devait s’accomplir, le Paradis des chrétiens, où d’étranges mpilalô dansent et chantent pour les élus, en s’accompagnant sur de mélodieuses valiha, la montagne mystérieuse d’Amboundroumbé, rendez-vous des païens morts, lorsqu’ils abandonnent les alentours des Tombeaux, même la chambre sépulcrale, murée