Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/70

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La vieille alla trouver le prêtre catholique qui avait enseigné au père et au grand-père la religion des vazaha ; Rafaralahy avait été instruit dans son école ; elle lui demanda d’apporter un remède à l’inconsolable douleur du mari de Ravô. Le Monpère vint à la case, parla longuement à celui qui ne voulait pas être consolé ; il lui reprocha son incrédulité, rappela les beaux enseignements de la religion chrétienne : Ravô n’était pas perdue pour lui, il n’en était séparé que pour un temps et la retrouverait au ciel. L’argument sembla toucher le Malgache au delà de ce qu’espérait le Monpère, qui insista. Avait-il jamais trompé Rafaralahy ? Celui-ci demeurait-il fidèle à la religion de son père, aux souvenirs pieux de son enfance ? Aussi vrai que l’Andriamanitra existait, sa femme chérie ne lui était que momentanément enlevée ; il la reverrait un jour au Paradis, où Dieu réunit tous les justes ; alors il ne la quitterait plus ; et qu’est-ce que le temps si bref de la vie terrestre en regard de l’Éternité ? Rafaralahy restait muet mais le pli têtu qui barrait son front s’était effacé ; le prêtre, en partant, put croire qu’il avait apporté un peu de consolation à cette âme.

Les jours suivants, le désespéré fut plus calme. Il était perdu en une sorte de rêve, souriait parfois à l’absente, se laissait gagner par l’espérance de la revoir. Crédule comme ceux de sa race, il croyait à