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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/78

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dès le lendemain matin, à quatre heures.

Par la nuit grise, embrumée de brouillards, elles partirent. La vieille marchait vite, anxieuse d’arriver trop tard, Ravô la deuxième suivait passive et distraite, perdue en un rêve d’or et de soie. L’autre, hantée par l’obsession de la mort, ne parlait plus ; elle courait presque en arrivant à Isoutry, dans son quartier. La case, de loin, avait son aspect habituel, volets entre-bâillés, porte entr’ouverte ; des linges séchaient sur la varangue, poules et cochons cherchaient leur vie dans le sol rouge. La mère se dépêcha d’entrer, ouvrit la porte de la chambre du Nord et vit ceci : un long corps tout raidi, enveloppé d’un lamba de soie rouge rayée de noir, pendait à l’une des solives du plafond. Rafaralahy, fidèle aux interdictions des Ancêtres, n’avait pas répandu de sa main le sang de la race, mais avait suspendu son souffle en se serrant le cou avec un lacet. On ne voyait ni le visage, ni les pieds, ni les mains, mais des proéminences, sous les plis du lamba, marquaient la place des membres crispés. Elle n’eut pas besoin de soulever l’étoffe pour être sûre que le cadavre de son fils était dessous. Elle se précipita dehors en criant, tandis que Ravô la deuxième, un coin de son lamba ramené sur sa figure pour ne pas voir le corps, attendait en un coin la venue des gens, pour accomplir les rites d’usage.