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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Razane au-dessus de toutes deux ! Comme ses ancêtres, ni esclaves, ni nobles, avaient fait d’elle un exemplaire harmonieux, parfait, de la race Imérinienne ! Ces différences dans l’aspect physique n’avaient-elles pas leur répercussion dans la mentalité malgache ? Certes une petite fille comme Zane était compliquée. Il se rappelait qu’en abordant à Diègo, il avait trouvé tous les Indigènes semblables ; maintenant il commençait à distinguer entre eux, mais dans leur pensée il ne voyait pas encore très clair.

— Zane, où est le tombeau de tes ancêtres ?

— Là-bas, à l’Est.

— Les Andrianes seuls peuvent enterrer leurs morts dans l’enceinte du Rouve, souligna Raoubène.

Et il jeta un coup d’œil dédaigneux sur la Houve, descendante de ses vassaux, qu’un Européen avait choisie pour femme. Claude sentit ce mépris, mais Razane, comme un oiseau qui bat des ailes, ouvrit les plis de son lamba de soie pour en refaire l’harmonie, un instant elle laissa voir la ligne souple de son corps ; de ses yeux puérils et rieurs elle fit signe à son amant, qui la suivit.

Ils allèrent vers les sépultures des ancêtres obscurs et immémoriaux de ceux qui bâtirent les cases en boue au pied du Rouve glorieux, ou peinèrent dans les rizières pour apporter aux Andrianes la dîme de leur riz. Le tombeau, à l’Est du village, hors des fossés, dans la stérilité mélancolique du paysage imérinien, était sans ornements, sans Maison-froide. Un mur en