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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Razane. La joie de leur intimité se trouvait décuplée par les distractions extérieures, pique-nique à la campagne, invitations chez des amis, soirées malgaches. Il y eut plusieurs bals dits de ramatous. Le premier de la saison, annoncé longtemps à l’avance, fut donné par l’administrateur Jean Romain. Zane témoigna une joie d’enfant le jour où elle reçut de son amie Rakèta un carton ainsi libellé :

« M. Jean Romain et Mme Rakètamâve prient M. Claude Saldagne et Mme Razane de bien vouloir honorer de leur présence la soirée dansante qui aura lieu le samedi 17 mai dans l’immeuble Pappadopoulos à Faravouhitre. Ny vehivavy dia mitafy lamba ary ny lehilahy ad libitum. La présente invitation tiendra lieu de carte d’entrée. »

Ce mélange de français, de latin et de malgache amusa Claude. La recommandation en langue indigène signifiait simplement : « les femmes porteront le lamba, tenue des hommes à volonté.

Le soir de la fête, filanzanes et pousse-pousse affluèrent vers l’immeuble du grec Pappadopoulos. À l’entrée, par des cloisons improvisées en roseaux, on avait aménagé deux petits salons, l’un pour le vestiaire et la toilette des dames, l’autre pour le buffet. Les murs étaient décorés de guirlandes de verdure, de trophées de palmes et de gerbes de fleurs. Des bougies mêlaient leurs innombrables lumières vacillantes et joyeuses à l’éclat plus brutal de grosses lampes à pétrole. La bande des amis de Saldagne s’était