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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Berlier s’était fait construire, grand carré de maçonnerie surmonté aux quatre angles d’ornements de style indo-malgache. Sur une des faces s’ouvrait, entre deux colonnes renflées, encastrées dans la muraille, la porte du caveau, faite d’une seule dalle plate, dressée et tournant sur des gonds de pierre. On y avait gravé en creux un arbre stylisé, à quatre branches terminées par des fleurs pareilles à des lotus. Cette porte, orientée vers l’ouest, était entr’ouverte, et le soleil à son déclin entrait dans la future demeure de la Mort.

Devant l’étonnement de Claude, Berlier expliqua.

— Je fais en ce moment des aménagements intérieurs. Figurez-vous que j’ai trouvé à acheter ces jours-ci une longue dalle de basalte noir. Qui a pu l’apporter en Imerina ? Je l’ignore. Je flânais dans la campagne. Je suis entré par hasard dans un de ces anciens clos entouré de murs rouges en ruines, envahi par les cactus et les aloès. Une allée de manguiers menait à l’emplacement de la vieille demeure, marqué seulement par une aire bordée de pierres brutes. Tout à côté, d’une sorte de creux, jaillissaient des végétations luxuriantes. Je m’approchai et reconnus un ancien tombeau démoli. Toutes les dalles avaient été enlevées, sauf celle-ci, qui, à demi sortie du trou, gisait dans l’herbe. J’interrogeai un bourjane qui me regardait du seuil d’une case ; pour avoir établi depuis longtemps sa demeure en ce coin perdu, il s’en estimait propriétaire, ne savait rien des anciens habi-