— Ton village, où est-il ?
— Je n’habitais pas dans un village, avant de te connaître. Il y a dix ou douze ans déjà que je suis venue à Tananarive, avec mes parents.
— Mais auparavant tu étais restée dans le pays où tu es née ?
— Quelques années, oui…
— Combien ?
— Je ne me rappelle pas. J’étais si petite ! Et les jours passaient, tous les mêmes.
— Tu y retournes quelquefois, dans ton village ?
— Rarement. J’y vais quand quelqu’un de ma famille meurt et qu’on l’enterre dans le tombeau de nos ancêtres.
— Nous irons ensemble un jour, veux-tu, Zane ?
Elle rit encore de la singularité de cette idée.
— C’est très loin, tu sais, à une grande journée de marche.
Elle tendit le bras dans la direction de l’ouest.
— Tu vois le fleuve Ikioupe ; il glisse au milieu des cultures comme la bête longue sans pattes qui ondule dans les herbes, puis il se perd là-bas dans les brumes. Eh bien ! au delà des montagnes que tu vois à l’horizon, dans une vallée sauvage, sur une colline au bord du fleuve, c’est là qu’est Imérimandzak !… Mais tu le trouveras très laid, mon village. Il y a beaucoup de cases en ruines. Les gens sont presque tous venus à Tananarive, ou bien les maladies les ont enlevés. C’est un pauvre vieux village, très vilain.