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Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/79

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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

hautes montagnes, parsemées de gros rochers ronds, barraient le paysage.

Le soleil montait à l’horizon et le fleuve s’animait. Des oiseaux blancs et gris perle, plus petits que des moineaux, s’ébattaient sur les berges. De gros hérons s’envolaient lourdement, comme s’ils avaient de la peine, à chaque coup d’aile, à enlever le poids de leurs longues pattes et de leur bec démesuré. Des corbeaux en manteau noir et cape blanche voletaient sur les îles. Un martin-pêcheur filait comme une flèche au ras du fleuve et des poules d’eau couraient affairées sur les plages de sable rose. De nombreuses embarcations remontaient l’Ikioupe, tirées à la corde, et portaient à Tananarive les produits de la campagne : certaines, couplées et chargées de chaume, ressemblaient à d’énormes charrettes de foin glissant sur l’eau. De longues pirogues profondes, emplies jusqu’aux bords, amenaient pour les habitants de la ville du bois, des mangues, des ananas, des régimes de bananes.

Maintenant le pays était peuplé. Toutes les collines se couronnaient d’arbres et de villages : à gauche les maisons rouges et tristes de Béravine, massées sur une arête stérile ; non loin, dans un fouillis de bananiers, le gai hameau d’Antamboule, à droite, Marouvahouak, aux vergers clos de longs murs sombres et le grand cône vert du mont Ambouhimâsine, le sommet sacré. Razane énumérait les villages, les hameaux, montrait du doigt les montagnes les plus lointaines, en les désignant par leurs noms ; et, puisque sa science topographique paraissait