Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/193

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Ou la série des phénomènes n’a point eu de commencement, mais tout phénomène, et toujours, a eu des antécédents, qui ont renfermé sa cause suffisante, et nul phénomène n’a pu et ne peut entrer dans la série que comme l’effet d’une telle cause suffisante ;

Ou la série des phénomènes a commencé, la cause première des phénomènes est une cause qui n’a pas été l’effet d’une ou de plusieurs causes qui l’aient précédée dans l’ordre du temps, et des phénomènes sont possibles dont la cause suffisante ne soit pas donnée en des phénomènes antérieurs.

La première thèse exprime ce qu’on entend par nécessité universelle, ou déterminisme universel et absolu, enchaînement invariable des phénomènes, tous et toujours prédéterminés par leurs antécédents ; la seconde thèse se rapporte à ce qu’on entend, selon les points de vue, par les termes de contingence, accident, libre arbitre.

Il est facile de voir que le dilemme du déterminisme, à n’y prendre que ce qui touche la question du commencement, dépend du dilemme de l’infini suivant qu’on accepte le procès à l’infini, ou qu’on le nie comme contradictoire. Mais sous l’aspect propre du déterminisme ou de la contingence, il met en opposition ces deux concepts : d’une part, l’éternité et la solidarité du tout des phénomènes, identique à l’être universel lui-même, et formant un prédéterminisme absolu dont la raison d’être, située à l’infini, est inaccessible (XLII et XXXV) ; d’une autre part, la réalité d’une cause première, dont la définition doit être cherchée à l’aide et en conformité des lois de l’entendement, et la donnée d’un monde phénoménal, situé entre des limites de temps, dans lequel les causes et les effets, d’origine et de dépendance variables,