Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/264

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pres antécédents. Les circonstances ne sont autre chose que des phénomènes compris sous la même loi. Toutes les parties du monde et tous les événements forment un tout solidaire dans l’espace et dans le temps ; il n’y eut de possible, à chaque instant et partout, que ce qui fut, et la dernière raison de l’univers, quelle qu’elle soit d’ailleurs, est une cause absolue, qui embrasse et prédétermine chaque phénomène actuel, et le fait être comme s’il était son effet particulier, apparaissant dans le moment.

Scholie I. — L’antithèse se pose, ainsi que les antithèses des dilemmes précédents, en opposition du principe de relativité, car un prédéterminisme qui ne s’étend pas à moins qu’à l’idée de la série intégrale du temps, est la conséquence du déterminisme absolu, chaîne universelle, indissoluble des phénomènes (XLII et LV), et ce prédéterminisme bien compris nous présente le monde comme un tout aux parties solidaires, invariable, immuable, qui ne se conçoit en relation avec quoi que ce soit d’extérieur ou d’intérieur à lui-même, et dont les rapports internes contredisent par leur immutabilité les rapports constitutifs multiples et variables et les possibilités diverses que nous offre une expérience dès lors illusoire. La thèse pose la réalité des relations empiriques et des jugements de contingence.

Scholie II. — La thèse permet qu’on regarde comme un acte libre l’acte de la personne qui affirme la liberté, ou qui la nie, en portant sur la question un jugement délibéré. L’antithèse exige qu’on regarde le jugement comme nécessaire en tout cas, soit que la personne affirme, soit qu’elle nie la réalité du libre arbitre.