Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/274

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de leurs affinités mutuelles et de leurs corollaires. L’hypothèse du déterminisme absolu entraîne celle de l’infinitisme, dans les phénomènes du temps passé, par le procès de la causalité sans terme, ou impossibilité d’un commencement sans antécédents donnés (LVI). La parfaite solidarité de tous les phénomènes passés, actuels ou possibles dans le temps, ou prédéterminisme universel (XLII), réclame une solidarité pareille dans l’espace, — sans qu’on ait à rechercher si l’espace lui-même a des bornes, — rien ne s’y pouvant produire sans cause antécédente, et toutes les causes reculant et plongeant dans le temps sans origine. La logique de la négation de toute cause première exclut la multiplicité réelle des causes, car d’où sortiraient-elles divisées ? elle exige qu’il n’y ait partout et toujours que des effets qui sont des causes, et des causes qui sont des effets, et qui ne peuvent que s’étendre autant que s’étend l’univers. Et l’univers, s’il était borné, bornerait les causes avec les phénomènes et ne les diviserait pas.

De la multitude infinie sans unité, encore que toute solidaire sous la notion de causalité, le passage se trouve à l’unité de l’être, par la notion réaliste de substance. L’argument ne revêt pas, comme le précédent, la forme déductive, ou analytique, mais se fonde sur une loi dont l’esprit humain a subi la puissance dans toutes les investigations possibles : c’est celle qui le pousse à la recherche de l’unité. Le philosophe, que nous supposons maintenant en présence de l’idée du simple déterminisme logique élevée par la réflexion à celle d’un prédéterminisme éternel, intégral, se sent forcé de lui concevoir un siège. Le réalisme de l’infini actuel, substitué à la notion relative de l’indéfini, lui fournit alors, grâce à l’imagination du support des qualités, l’idée de