Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/46

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On remarquera, au sujet de ces mots : n’enveloppent point l’existence réelle, qu’ils mettent l’infinitisme de Spinoza à l’abri des objections que repoussent ordinairement, quoique bien fondées, les philosophes partisans de l’infini actuel et du continu réel. Si la division est une illusion, tout est dit, il n’y a plus de difficulté. (XXXIX-XL).

Si ce terme : les affections de la substance, devait être pris dans son sens naturel, il s’accorderait mal avec le caractère inconditionné de la Substance de Spinoza. Quels rapports internes concevables pourraient appartenir à l’essence de ce qui n’admet en soi ni espace divisé, ni succession, ni nombre, encore bien que toute sa définition se tire de l’étendue et de la pensée, ses attributs ? La contradiction éclate, elle est voulue.

Avant Spinoza, Nicolas de Cuse et Giordano Bruno avaient trouvé une manière de lever dans les mots cette difficulté : c’était de dire que, dans l’Absolu, le grand et le petit se rencontrent aux extrémités de leurs limites respectives ; que l’immensité et le point se confondent, et que l’éternité ne diffère pas de l’instant. Sur ce dernier article les exigences de la théologie thomiste étaient amplement satisfaites : Dieu pouvait n’avoir jamais eu qu’une seule intuition, ni fait qu’un acte unique dans le passé, le même qu’actuellement il fait, et qui renferme tout l’avenir dans le présent.

XVI

Le monde dans l’Inconditionné. Leibniz. — On n’approfondit pas assez ce sujet, dans la doctrine de Leibniz,