Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/47

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quand on se borne à répéter ses formules courantes, sans faire certains rapprochements auxquels elle ne saurait se soustraire. En effet, si nous considérons le monde et l’harmonie préétablie des monades qui sont les variables de cette fonction universelle, toutes à tout instant déterminées, chacune par toutes et toutes par chacune, suivant un plan invariable, nous assistons par la pensée au développement temporel de cette infinité d’êtres multipliés sans bornes dans le grand et dans le petit, et dont les déterminations constamment concordantes sont chez tous individuellement spontanées. Mais quand, de ce point de vue de l’entendement, sous les conditions du temps et de l’espace, nous passons à l’idée de l’éternité divine, et de la toute-puissance qui, dans cette éternité a créé cette infinité d’actions spontanées, et qui les crée actuellement, puisqu’elle les a faites être ce qu’elles furent, sont et seront en leurs temps, nous obtenons la révélation métaphysique d’un nombre infini conditionné qui a son établissement, son siège et tout son être dans l’unité et l’immutabilité de Dieu, c’est-à-dire dans l’Inconditionné.

Cet inconditionné de Leibniz n’est cependant tel que par rapport au monde. En lui-même, il n’est pas conçu sans relations, car il agit d’après sa nature comme cause finale et raison suffisante : ce sont les attributs de la personnalité. À cet égard, la différence de cette doctrine et du spinosisme est capitale ; mais en ce qui touche la théorie de l’infini, au fond, il n’y a pas de différence (XL).

Dans le domaine de la mathématique abstraite, d’assez nombreux interprètes, soit de la géométrie des indivisibles, soit du calcul intégral, ont formé le con-