Aller au contenu

Page:Renouvier - Uchronie, deuxième édition, 1901.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il donc laissé à faire au vingtième ? Si les hommes avaient cru fermement et dogmatiquement en leur liberté à une époque quelconque, au lieu de s’approcher d’y croire très-lentement et imperceptiblement, par un progrès qui est peut-être l’essence du progrès même, dès cette époque la face du monde aurait été brusquement changée.

Notre apocryphe se serait donc vu accueillir, au siècle dernier, comme un maladroit qui vient jeter le trouble dans un parti uni, discipliné, résolu à ne point se laisser détourner de son œuvre. Ces mêmes hommes qui faisaient la guerre à Paul et à Constantin, alliance avec Celse et Julien, se seraient sentis quelque peu scandalisés à l’apparition d’une histoire imaginaire, destinée à poser comme une vérité philosophique et de conscience, plus haute que l’histoire même, la réelle possibilité que la suite des événements, depuis l’empereur Nerva jusqu’à l’empereur Charlemagne, eût été radicalement différente de ce qu’elle a été par le fait. Il ne leur convenait pas de pousser si loin l’enquête ; car il fallait, en ce cas, ou abandonner définitivement la conviction acquise de la nécessité morale ; et ils auraient cru perdre terre, aller à la dérive jusque dans une théologie anthropomorphique usant de l’hypothèse ainsi accordée du libre arbitre ; ou, appelés de force à voir