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Page:Renouvier - Uchronie, deuxième édition, 1901.djvu/19

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moire plusieurs des idolâtries dont ils avaient eu tant de peine à s’affranchir ; et nous en sommes venus, dans la carrière des réhabilitations, jusqu’à trouver une justice à rendre à tous les dogmes, une explication à proposer pour des théories contradictoires. Nous avons appris à les admirer toutes, chacune sous le bon point de vue, puis à les mélanger comme des ingrédients utiles, à de certaines doses ; enfin nous avons conclu de tant de recherches, si intelligentes, si impartiales, non pas au vrai pour le vrai, parce qu’il est vrai, mais à l’avantageux, au convenable, au prudent ; incapables que nous semblons être désormais de toute croyance ingénue et de tout franc effort de raison. La réaction a été artistique : nous avons abandonné le culte du rationnel dans les arts, pour nous engouer du fantastique et de l’étonnant, que nous avons qualifié de poétique. Nous avons demandé des prodiges, on nous a rendu les miracles : le miracle des voûtes gothiques a remis en faveur celui des sacrements, et des créations épiscopales et monacales, et tout le cortége tant gracieux que bouffon des revenants de la légende dorée. Nous avons trouvé toutes ces choses très-belles, touchantes, consolantes, peu à peu presque vraisemblables ; elles nous ont acheminés, de miracle en miracle, à la divinité d’une vierge et à l’infaillibilité d’un lama. Sommes-nous au bout seulement ? Et tout cela pour avoir pris d’abord en pitié