Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les éléphants étaient chargés de ballots. (Page 139.)

« Quelques instants après, nous nous mettions en marche.

« Nahouâ était montée dans le premier palanquin, à côté du Sahib.

« Je suivais le second, dans lequel on avait mis mon père.

« Une heure après, nous arrivâmes à la demeure du chef cipaye.

« À peine y étions-nous, que ce dernier vint à moi, tandis qu’on transportait mon père dans une des salles du rez-de-chaussée.

« — Es-tu reconnaissant ? me demanda-t-il.

« — Sahib, repris-je, ordonnez-moi de mourir et à l’instant je me frappe de votre poignard.

« — Ainsi, si je te gardais avec ton père auprès de moi, tu veillerais sur Nahouâ pendant mon absence et tu la défendrais au besoin.

« — Il faudrait qu’on nous tuât tous les deux avant de toucher à un seul des cheveux de notre bienfaitrice.

« — C’est bien, je vous garde.

« Dès ce jour, notre vie lui appartenait et nous eussions tout fait pour le Sahib et pour sa femme. Hélas ! que peuvent le courage et le dévouement contre les sectateurs de Kâly, la déesse sanglante. Ah ! ma pauvre maîtresse ! »

Et Schiba fondit en larmes.