Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/283

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restée de longs mois à l’état latent, se déclarait enfin.

Ce que cette affection présentait de particulier, c’est que la malade n’avait pas de fièvre, qu’elle respirait sans difficultés, même au moment où les étouffements les plus cruels l’étreignaient, qu’elle éprouvait un véritable soulagement à ses souffrances les plus aiguës en renversant la tête et le corps en arrière, et que jamais, si longues que fussent ses douleurs, elle ne perdait connaissance.

C’étaient là sans doute des phénomènes caractéristiques, car le praticien romain les étudiait avec le plus grand soin, et il soumit immédiatement sa cliente à une médication énergique dont le bicarbonate de soude et la belladone étaient la base. Toutefois, quelques jours plus tard, sur les supplications de Mme Daltès, il l’autorisa à reprendre son service ; mais après avoir joué deux ou trois fois au plus, on dut y renoncer tout à fait.

Elle écrivit alors à Gilbert pour le prévenir qu’un peu souffrante, à la suite d’un léger refroidissement, elle devait prendre une semaine de repos. Elle n’oublia pas d’ajouter qu’il ne s’agissait que d’une simple indisposition, et sa lettre était si gaie, si pleine de projets pour l’avenir, si aimante, que Ronçay n’eut pas un moment d’inquiétude. Cependant, il lui recommanda, par dépêche, de se bien soigner, de lui donner des nouvelles tous les jours, et de se rappeler que, dans moins d’un mois, il serait auprès d’elle pour ne plus la quitter.