Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/8

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même d’une heure que nous avons appris à savoir regarder, je la trouve dans votre livre. On ne s’y trompe pas, à la sincérité de l’accent, à la force des sentiments, au relief simple et fort des portraits. Vos personnages ne sont pas des héros de roman, si ce n’est en ceci que le combat de la passion et du devoir, qui est la vie morale de presque tous, s’accentue chez eux, par les circonstances, avec une puissance exceptionnelle. C’est d’ailleurs aux seuls sentiments que vous avez demandé la hardiesse de l’œuvre, et non à des détails dont la grossièreté essaye parfois de donner l’illusion de la force. Et la hardiesse est assez grande de nous montrer, dans Éva, la foi catholique alliée à la passion irrégulière et condamnée, en triomphant et se couronnant d’un martyre involontaire, qui ne touche pas le cœur d’un père dont la foi étroite et dure n’est, pour ainsi dire, que l’apparence et la lettre de la foi chrétienne, faite de miséricorde et de pardon.

Dans ce contraste, que l’action indique dramatiquement, est la hardiesse de l’étude et un puissant élément d’intérêt. La hardiesse est plus grande encore dans cette analyse que vous avez faite des sentiments d’Éva, qui, mourante, liée d’ailleurs par son serment de chasteté, recourt pour garder son amant, à ce compromis étrange de lui offrir une maîtresse de sa main. En amour, tout arrive ! Et nous sommes bien loin des deux morales de Nisard,