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aujourd’hui son égal dans la route nouvelle qu’il a tracée. Ce magistrat fidèle est au milieu de nous ; sa présence m’ordonne de taire des qualités qu’il me serait si doux et si facile de rappeler. Mais nous savons tous, que M. Poitevin fut moins sensible à la gloire d’avoir surpassé ses prédécesseurs, qu’au bonheur qu’il eut avant de mourir de connaître le littérateur aimable qui devait si dignement le remplacer.

M. Poitevin avait payé ses dettes au monde, à l’amitié, à l’Académie. Son cœur libre avait besoin de repos ; il cherchait un abri ; et le sentiment céleste de la patrie le ramena dans son village. L’homme qui a beaucoup vécu aime à se retrouver aux lieux où il a commencé à vivre. Lorsque le tems précipite ses jours, il se plaît à voir des objets qui le reportent en arrière. Ainsi notre vertueux solitaire jouit de ses champs et de ses souvenirs. Il pouvait avec orgueil se replier sur lui-même, et remonter doucement sa vie ; il y rencontrait de nobles sentimens, de bons amis, et de belles actions. Toutefois ce vieillard ne voulut pas se reposer encore. Il composa dans sa retraite les Mémoires pour servir à l’histoire des jeux Floraux ; ouvrage précieux, dont le Roi a bien voulu accepter l’hommage, et qui