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L’AMOUR ET LA FOLIE


Scène Première

Lorsque la toile se lève, on entend une symphonie, qui exprime le chant des oiseaux au lever de l’aurore ; quelques instants avant la fin de cette symphonie, entre l’Amour, les yeux ceints d’un bandeau. Il s’appuie sur son arc, pour aider sa marche, et il est conduit par la Folie.


L’AMOUR, LA FOLIE
L’AMOUR

Dans quels lieux sommes-nous, ma sœur ? Où conduisez-vous l’Amour ?

LA FOLIE

Pourquoi cette inquiétude ? Rassurez-vous, c’est moi qui vous guide ; doit-on craindre de s’égarer sur les traces de la Folie ?

L’AMOUR

Cette crainte ne serait pas si mal fondée ; vous me faites faire chaque jour tant de faux pas ! Mais songez que c’est aujourd’hui ma fête.

LA FOLIE

Je ne l’oubliais pas, mon frère ; aussi vous ai-je conduit au centre de votre empire ; nous voilà dans les plaines riantes d’Amathonte. J’aperçois d’ici le plus fameux de vos temples.

L’AMOUR

Je reconnais ce séjour aux transports qu’il m’inspire ; c’est celui de la volupté. Quels doux concerts ont frappé mon oreille ! Quel air pur je respire ! Quels feux circulent dans mes veines !