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L’AMOUR ET LA FOLIE
LA FOLIE, à part.

Le traître ! J’entrevois son dessein : il voudrait m’éloigner pour toujours… Oh ! j’y mettrai bon ordre !… Dissimulons comme lui : il est trop délicat, il ne faut pas le contraindre.

L’AMOUR

Quel plaisir de paraître encore une fois sans bandeau aux yeux des mortels et surtout à ceux de Rosine… Ma sœur, n’y consentez-vous pas ?

LA FOLIE

Que peut-on refuser à l’Amour ? Profitez du moment ! Vous n’aurez pas besoin de guide aujourd’hui. Je vous laisse à vous-même et je vais pendant ce temps-là m’amuser a parcourir mon empire.

L’AMOUR

Vous ferez là une bonne course, ma sœur !… Moi, je vais recevoir une fois sans partage l’encens que tous les êtres brûlent à mes autels.

LA FOLIE, à part.

Cependant ne nous éloignons pas, et préparons-nous à lui jouer un tour qui le ramène sans contrainte à son devoir… (Haut.) Adieu mon frère.

L’AMOUR, avec une feinte douleur chante ce vers de l’opéra « d’Armide ».
Armide ! vous m’allez quitter !
LA FOLIE
Voyez en quels lieux je vous laisse.
Les plaisirs vont suivre vos pas !