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INTRODUCTION

érotomane emphatique, un paillard sentimental, mais son tempérament le trahit et le condamne à la sincérité. Les histoires qu’il raconte ne s’accordent pas avec les réflexions vertueuses et déclamatoires qui leur servent de commentaires. À ses théories, à ses dissertations, nous n’attachons aucun prix, mais il a pour nous l’avantage d’être un très exact et très abondant fournisseur de types féminins et d’anecdotes sur l’amour, et nous savons qu’il n’invente rien, qu’il ne dissimule rien. Cette précision dans le détail, cette valeur documentaire de l’observation, on ne les retrouve au même degré dans aucun écrivain.

Parmi ces récits patients, minutieux, et qui ressemblent parfois à des rapports médicaux, celui qui a pour titre la Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans[1] est un des mieux étudiés, un de ceux où le réel se mêle le plus à l’imaginé[2].

Restif avait déjà abordé le même sujet, six ans auparavant en 1783, dans le roman Le Quadragénaire ou l’Age de renoncer aux passions[3]. C’est l’histoire de ses amours avec Virginie. Il avait fini, dit-il dans son Monsieur Nicolas[4], par entretenir cette jeune personne, pour savoir comment était traité un amant payant. Il s’aperçut qu’un amant payant était plus mal traité qu’un amant qui ne paie pas et surtout qu’un amant qu’on paie.

  1. La Dernière Aventure (sic) d’un homme de quarante-cinq ans, nouvelle utile à plus d’un lecteur (avec cette épigraphe : Venit magno fœnore tardus amor). À Genève. Et se trouve à Paris, chez Regnault, libraire, rue Saint-Jacques, vis-à-vis de la rue du Plâtre, 1783.
  2. « Histoire vraie, avec les vraies lettres de Restif à Sara » Assezat. — Notice en tête du t. II des Contemporaines, Paris, 1875, p. 21.
  3. Le Quadragénaire ou l’âge de renoncer aux passions, histoire utile à plus d’un lecteur (épigraphe : Turpe senilis amor). À Genève. Et se trouve à Paris, chez la veuve Duchesne, libraire, rue Saint-Jacques, au Temple du Goût, 1777
  4. T. III, p. 105.