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D'UN HOMME DE QUARANTE-CINQ ANS

dait en tremblant. J’ignorais l’intérêt quelle prenait à la pièce, je ne cherchais pas à la faire valoir, j’oubliais qu’elle m’en avait prié. J’étais dans ces dispositions quand je trouvai un endroit délicieux, que j’applaudis avec transport[1]. Sara me pressa la main, elle me dit qu’elle se mourait d’envie de m’embrasser. Je lui dis que j’avais le même désir. « Comment trouvez-vous la pièce ? — Charmante. — Vrai ? — D’honneur. — Elle est de moi. » À ce mot, je fus transporté. Je croyais bien que Sara avait de l’esprit, mais je ne l’aurais jamais soupçonnée d’être l’auteur de la pièce.

Comme elle n’est pas imprimée et qu’elle est courte, je vais la mettre ici : on jugera si je fus excusable de croire Sara capable de l’avoir faite. Ce petit ouvrage pourra contribuer aussi à faire voir que si je suis devenu éperdument amoureux, aucun des moyens de me subjuguer ne fut omis par la plus aimable des enchanteresses[2].

  1. Cet endroit sera indiqué dans la pièce par une note.
  2. Cette pièce n’est qu’une vraie misère : mais M. d’Aigremont, une fois qu’il sut de qui elle était, la trouva charmante, et il porta la prévention jusqu’à croire qu’il l’avait trouvée telle auparavant.
    (R.)