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impatients d’échapper à cette exhibition et de trouver un maître.

On mange bien au Palais-Royal. Il renferme les meilleurs restaurants de Paris.

Les gourmands cossus, les gastronomes vont chez Beauvilliers qui a conservé les bonnes traditions culinaires et sert ses clients l’épée au côté, ou chez Huré, ou à la Taverne anglaise, installée dans une cave.

Au Couvert espagnol, la table d’hôte est de quatre livres par tête. Dans la Salle de la Barrière, qui occupe trois arcades, deux cents convives mangent tous les jours sur de petites tables couvertes de toile cirée. La carte comprend cinquante-deux entrées et trente-huit entremets . Les plats sont excellents, mais salés. Une portion de veau rôti coûte dix-huit sous, un cornichon six sous, des pois verts une livre quatre sous, une aile de poularde deux livres cinq sous. Multipliez par deux pour avoir la somme que représenteraient aujourd’hui ces chiffres.

Plus abordable aux bourses insuffisamment remplies, La Grotte flamande reçoit des comédiens, des actrices, des filles un peu désargentées, des garçons marchands en partie fine.

Enfin le restaurant Février, au no 114, est encore d’un degré au-dessous. C’est là que, le 3 Juin 1784, l’abbé Rousseau, un précepteur amoureux de la sœur d’un de ses élèves qui l’ aimait aussi, se brûla la cervelle en laissant ce billet sur la table : « J’étais né pour la vertu ; j’allais être criminel, J’ai préféré mourir (1). » L.-S. Mercier. Tableau de Paris. Ed. ill. Louis-Michaud, p. 120.

A côté de ces restaurants, plus ou moins élégants, plus ou moins coûteux, on avait multiplié les cafés petits et grands. Le café de Valois fréquenté par les Joueurs d’échecs, le café de Chartres, le café de Foy, fondé en 1749, le café du Caveau, au coin du passage du Perron, près de la boutique de Gendron, le