Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous lequel il s’est fait représenter dans les estampes des Nuits où il s’intitule : Le spectateur nocturne, historiographe des événements ténébreux des nuits de Paris.

Il avait une manière originale d’intéresser le public à ses œuvres : « j’invite les personnes zélées pour l’honneur de la Patrie d’envoyer à l’adresse de Maradan, libraire, rue des Noyers, près Saint-Yves, les traits de vertu de leurs aimables compagnes, filles ou femmes. Je ne ferai que rédiger ; le Public sera le véritable auteur de cet important ouvrage (L’année des Dames nationales). » Beaucoup répondaient à l’appel, et leurs communications ne furent pas inutiles à la rédaction des six cent dix nouvelles. dont l’ouvrage se compose. Restif convient, d’ailleurs, que, si différents amis ne lui eussent fourni des sujets pour ses Contemporaines, il ne fût point arrivé à en écrire un aussi grand nombre[1].

Elles mettaient en scène des personnages vivants, souvent même des hommes puissants, dont les noms étaient écrits en toutes lettres, ou à peine déguisés. D’où mille tracas pour leur éditeur, et la crainte perpétuelle de l’embastillement. Un certain Beauregard, qui se croyait historié dans le Ménage parisien[2], faillit l’assommer. Nous avons vu que Beaumarchais

  1. Pidansat de Mairobert prenait pour lui des informations « sur les personnes qu’il rencontrait ou qui le frappaient ». (Les Contemporaines, préface.) Les femmes du peuple lui donnaient aussi des renseignements précieux pour la peinture des mœurs populaires.
  2. V. Mes Inscriptions, § 135, p. 50, et la note de la page 290