Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/118

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son ami Loiseau, qui vient de mourir, Restif lui fait part de ses gémissements, à la fatale nouvelle ; mais, se reprenant : « Gémir n’était point le terme : je mugis de douleur[1] ! » Et, aussitôt, il entonne un hymne au Soleil.

Il salue la fontaine de la rue de Saintonge, en passant devant la maison de Victoire, et chante un air qu’il a composé sur des paroles rythmiques : « Lieux enchantés qu’elle me rendit aimables, vous me l’êtes encore, même après qu’elle ne m’aime plus[2]. »

Après la fontaine, les fleuves : pendant vingt-sept ans, il est descendu sur les bords de la Seine, le jour de la fête de Colombe d’Auxerre, et a chanté, en buvant l’eau qui a passé devant sa porte : « fleuve qui l’as vue, dis-moi si, par aventure, elle est heureuse. »

On ne trouve pas mieux dans certaines légendes primitives qui nous passionnent encore.

C’est encore l’invocation qui sert à Restif, dans ses jours de faiblesse :

« O jour malheureux, je te maudis ! » s’écrie-t-il après avoir failli à ses principes de vertu[3] (ce qui lui arrivait souvent).

Ses soupirs, ses gestes désordonnés le firent arrêter, un jour, par le guet. Interrogé par le commissaire, il avoua que son agitation venait des remords causés par une partie de débauche.

Ce ton déclamatoire prête moins à rire

  1. Monsieur Nicolas, t. VIII, p. 210.
  2. Monsieur Nicolas, t. X, p. 59. — Mes Inscripcions, voir la phrase chantée du § 15, p. 13.
  3. Monsieur Nicolas, t. VII, p. 79.