Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/141

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Ce fut en 1779, le 5 novembre, à l’époque de mon premier mal de poitrine[1], que je commençai d’écrire sur la pierre, à l’Ile-Saint-Louis : cette première inscripcion est à la dixième pierre, à gauche du Pont-rouge[2], en y entrant par l’Ile. Je la fis dans cette idée : verrai-je cette marque l’année prochaine ? Il me semble que, si je la revoyais, j’éprouverais un sentiment de plaisir, et le plaisir est si rare, vers l’automne de la vie, qu’il est bien permis d’en rechercher les occasions ; cette date ne portait que ces mots : 5d 9bris malum.

Il faut pourtant dire que j’avais fait une inscripcion, en 1776, la nuit du 24 au 25 auguste ; je venais de quitter Virginie[3], et je ne

  1. Ce mal de poitrine, qui ne l’empêcha pas de vivre jusqu’à l’âge de soixante-quinze ans, l’affaiblit, dit-il dans Monsieur Nicolas, plus que vingt ans de travail, et diminua de moitié sa passion pour les femmes.
  2. Le Pont-Rouge, ou Pont de bois, situé à peu près à l’emplacement du pont Saint-Louis actuel, conduisait de l’île de la Cité à l’île Saint-Louis, quai d’Orléans. Il était en bois peint de couleur rouge et avait été construit en 1642. Son mauvais état le fit abattre en 1791.
  3. Virginie François, dont la mère, trois ou quatre jours