Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
Mes Inscripcions.

pus rentrer chés moi, ayant oublié mon passe-partout. Je me promenai le reste de la nuit, et j’alai, entr’autres, à la pointe orientale de l’Ile : j’écrivis, dans la niche de l’angle, vis-à-vis de l’estacade, 25d augusti, dans la vue de me rappeler la situacion où j’étais, l’année suivante.

Mais cette date est isolée, elle n’eut pas de suite, au lieu que celle du 5 novembre 1779 est le commencement d’un livre, pour ainsi dire, que je vais réaliser ici, en suivant exactement toutes mes dates, en détaillant leurs motifs, et donnant, ainsi, l’histoire des affections de mon âme, depuis le 5 novembre jusqu’au moment où je cesserai d’écrire ces mémoires.

Je ne fis plus d’inscripcion, depuis la première, jusqu’au 1er  janvier 1780. Ce jour-là, je me promenais autour de l’Ile, souffrant ; une idée me frappe : Combien d’êtres commencent cette année et ne la finiront pas ? Serai-je du nombre de ces infortunés ? Plein de cette réflexcion, je prens ma clef[1], et j’écris sur la pierre, à côté du premier des deux petits jardins ouverts qu’on voit en venant du Pont-rouge par le quai d’Orléans : 1o Anni 1780.

La troisième inscripcion est du 28 janvier 1780. J’avais donné la Malédiction paternelle

    avant son mariage, s’était donné à Restif. Virginie devint sa maîtresse ; il ne découvrit son inceste qu’en 1780. Pareille aventure lui serait arrivée plus d’une fois.

  1. Restif ne pouvait, avec un tel instrument, graver ses dates bien profondément dans la pierre. On a prétendu qu’il en subsistait encore des traces sur les parapets des quais de l’île Saint-Louis, ce qui paraît impossible, les pierres ayant été changées depuis sa mort.