Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/178

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bertatis. Cœno solus[1]. (i de ma liberté : je soupe seul.) Mot déchirant pour un homme qui soupait avec une fille qu’il aimait : souper tête-à-tête avec ce qu’on aime !
104. 18 jul. Mercarii die vidi mundam et exeuntem. (Je l’ai vu sortant en voiture et prenant le chemin de la chambre de Lavalette.) Je fus, les trois jours suivans, sans la voir.
105. 22 venit. (Elle est revenue.) Ce retour est une histoire, mais je l’ignorais alors : Sara s’était fâchée avec Lavalette, qui avait prié sa mère de la renmener. Il faut savoir qu’après avoir quitté ma chambre chés la Debée, celle-ci prit la résolucion de livrer sa fille entièrement à Lavalette, pour qu’il en prît soin. Mais ce n’était pas le but du gascon : il voulait bien avoir une maîtresse d’ostentacion, mais non une charge. Il taquina Sara, qui le bouda. Il lui dit qu’il alait écrire à sa mère, pour la venir reprendre[2]. Il y avait pour. une demi-heure de chemin ; il aurait eu plutôt fait de la ramener que d’écrire. Mais ce Lavalette était à la campagne ; il ne voulait paraître en ville que le moins possible. Il y venait quelquefois, néanmoins, mais le soir, et par le noble motif de me contrarier ; ces libertins blasés n’ont que des ragoûts bizarres : une possession unie et tendre est sans charmes pour eux.
106. Les six jours suivans, 23-28, ont la

  1. « Ce fut ainsi que je la quittai, dit M. Nicolas. J’allai aussitôt me promener sur l’île Saint Louis, pour y respirer la liberté. J’en éprouvai le sentiment et j’écrivis sur la pierre : ia libertatis, 15 jul. » Liberté de courte durée, comme on va voir.
  2. Selon Monsieur Nicolas, le motif de leur brouille était