248. Dim. 18 maii. Corrigo épreuve 4 folii.
(J’ai corrigé la 4e feuille de mon drame.)
249. 25 maii. Cartones porto Rusticanæ. (Je
porte au censeur les cartons de la Paysane.)
Cette date est à la pointe orientale et à l’occidentale.
250. Die martis jun. Rusticana recusata. (La
Paysane est rayée par le garde-des-sceaux, ou
plutôt par M. de Neville[1].) C’est depuis ce
moment, jusqu’au moment où j’écris, que ma
vie a été empoisonnée, ayant mis tout mon
avoir dans le Paysan et la Paysane. Je m’éveillais souvent au milieu de la nuit, plein de frayeur, et je m’écriais : « Ha ! ma vie est empoisonnée ![2] »
251. 8 jun. Pentecoste finis comœdiæ. (Le jour
de la Pentecôte, fin de l’impression de mon drame[3].)
252. 9 jun. Nanci. Ceci veut dire que, le lundi de la Pentecôte, je reçus, tout corrigé
- ↑ Le Camus de Neville, directeur de la librairie.
- ↑ Voir Monsieur Nicolas : « Ce fut en 82 que j’imprimai la Paysanne pervertie, immédiatement après avoir fini la quatrième édition du Paysan. J’eus pour censeur l’abbé Terrasson, instituteur du marquis de Louvois. C’est un homme timide. Cependant, il a paraphé tous mes ouvrages postérieurs à la Malédiction paternelle… Il demanda peu de cartons pour la Paysanne, mais il fit bien pis ! Il rendit, de cet ouvrage imprimé, un compte tel, que le directeur Neville le fit rayer de la feuille des permissions ; et c’est depuis ce moment que, toutes les nuits, en m’éveillant, je m’écriais : Ha ! ma vie est empoisonnée !… » Il ne devait obtenir la levée de l’interdit que deux ans plus tard, après mille difficultés.
- ↑ La Prévention nationale.
apportait à ses cartons : « Si les censeurs me changeaient, j’avais la patience de tirer cinquante à soixante exemplaires d’après leur attentat adultérin ; je rétablissais ensuite ma pensée, soit pendant le dîner des pressiers, soit à la nuit. »