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Préface.

En 1786, il est dans les filets de Félicité Mesnager, qui lui fournit « la dernière de ses grandes aventures ». Cette fois, l’erreur est de courte durée : d’un âge et d’une condition différente de celle de Sara, Mlle  Mesnager joue un rôle identique auprès de lui, mais il n’en est pas la dupe : « Chose étonnante, écrit-il, même enthousiasme, même discours que Sara sur Lavalette !.. Je me suis senti très-refroidi. » (V. le § 735, P. 210.) Du reste, il n’a même plus l’illusion d’une réciprocité de sentiments qui est l’apanage ordinaire de la jeunesse.

Ses passions sont réduites à la satisfaction la plus vulgaire. Et pourtant ! Ne le voit-on pas s’occuper encore de sa belle Londo, de Mlle  Poinot, des ouvrières de la rue de Grenelle ! Par exemple, il lui faut, désormais, se contenter de voir et de se montrer[1], en renonçant à de plus amples faveurs.

Les indications de travaux amoureux et littéraires sont entremêlées, dans son journal, du récit de ses infortunes conjugales, et surtout de ses querelles avec Augé. Ici, le doute n’est pas possible comme à l’égard de sa femme. Ce gendre est un misérable de la pire espèce[2]. La Reynière, qui ne ménageait point la vérité à son ami, et que nous avons vu défendre Agnès Lebègue, est sans pitié pour lui : « Je ne puis concevoir qu’un misérable, tel que

  1. M. Soury, dans ses Portraits du dix-huitième siècle, remarque avec raison que Restif était de la race des « exhibitionnistes ». Il aimait à attirer l’attention sur sa personne, à s’exhiber. Cette manie est très caractérisée chez certains hommes ; elle l’est à un haut degré chez lui.
  2. Voir, pour les détails sur Augé, le § 586, p. 144.