Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxvij
Préface.

sans certaines théories[1] ; on croirait ces lignes écrites d’hier : « 7 novembre 1785. — Il faut avouer qu’en tout pays, ce qu’on nomme le peuple, est un animal bien féroce ! Je suis paysan, on connaît ma façon de penser sur le peuple et sur les grands ; mais s’il faut dire ici, et sans humeur, ce que je pense, c’est que tous nos humanistes pourraient bien ne savoir ce qu’ils disent. Depuis quelque temps, les ouvriers de la capitale sont devenus intraitables parce qu’ils ont lu, dans nos livres, une vérité trop forte pour eux : que l’ouvrier est un homme précieux. Depuis qu’ils l’ont lue, cette vérité, ils paraissent prendre à tâche de la rendre un mensonge, en négligeant leur travail, et en diminuant de valeur au moins de la moitié : c’est ce qu’on entend dire aux maîtres de toutes les professions : « Nous ne faisons pas autant d’ouvrage, cette année, avec le double de bras, qu’il y a deux ans[2]. »

Cette autre mention prouve que les atteintes à la liberté du travail ne sont point d’invention récente : « 18 septembre 1786. — … Vu les maçons battre un des leurs qui voulait travailler, rue Couture[3]… »

Nous verrons plus loin comment il partait

  1. Les Nuits de Paris (p. 2342) contiennent quelques pensées de Restif. En voici deux sur les ouvriers : « Honorer l’écolier, c’est le rendre paresseux ; honorer l’ouvrier, c’est en faire un important. — Dites au sot qu’il est trop soumis, il devient insolent ; dites à l’ouvrier qu’il travaille trop, il ne fera rien. « Mes Inscriptions renferment aussi des pensées justes sur l’amour (V. § 158) ; sur le monde (§§ 73, 86), etc.
  2. V. § 554, p. 130.
  3. V. § 842, p. 243.