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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/48

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craintes pour la Paysanne pervertie. Cette date était répétée sur le quai.

Quand il commença La Dernière aventure d’un homme de quarante-cinq ans, l’idée lui vint que les inscriptions de « son île » pourraient servir à composer un curieux volume. Il écrivait en 1783 : « Si tous mes lecteurs devaient être affectés comme moi, je ferais un journal, et il serait assés intéressant ; il montrerait la gradation de cette passion impérieuse et cruelle (pour Sara Debée). » Les dates étaient, en effet, multipliées dans l’état de bonheur ou de malheur, rares dans l’état d’inertie ou de tranquillité d’âme[1] : « Quand je connus Sara, mes dates devinrent journalières ; j’allais soupirer sur mon île chérie, j’y écrivais chaque événement en abrégé, la situation gaie ou douloureuse de mon âme, lorsque je fus malheureux. C’est ainsi que, sans le savoir, je prolongeais mon attachement pour Sara, en entretenant ma sensibilité[2]. »

Par une contradiction dont il offre de nombreux exemples, tantôt il déclare insensibles les hommes ne comprenant point le mobile qui le faisait agir ; tantôt il convient de la futilité de son occupation. Le mot enfantillage est prononcé, dans le passage suivant de la Prévention particulière, où il explique sa manie : « Ma promenade de l’île est un enfantillage, mais il est quelquefois agréable d’en avoir, à quarante-neuf ans. Étonné d’être parvenu à cet âge, moi condamné, dans mon enfance, à

  1. V. Mes Inscripcions, § 33, p. 18.
  2. Monsieur Nicolas, t. XII, p. 175.