Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/71

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aimant. Il cherche à s’expliquer cet amour pour un endroit où il avait éprouvé tant d’ennuis[1] :

« D’où vient me promené-je ici, en m’exposant aux insultes, depuis 1785, que j’y fus injurié pour la première fois, après que j’eus été désigné aux enfans, par le scélérat qui me fit passer une nuit à la Ville, du 28 au 29 octobre 1789 ? C’est que je suis avide de sensations ; c’est que, par mes dates que je revois toujours avec transport, à la lueur de ces réverbères, je me rappelle les années où je les ai écrites, les passions qui m’agitaient, les personnes que j’aimais. En revoyant une date, d’aujourd’hui, par exemple, je vois qu’en 1777 j’étais heureux, en composant le Nouvel Abeillard, en aimant l’aînée Toniop[2], si propre, si élégante ; qu’en 1778, mon bonheur était troublé par une imprudence ; qu’en 1779 Je perdis Mairobert et l’espérance d’achever un ouvrage important, dont on voit quelques lambeaux dans le Paysan-Paysane, les Françaises, etc. ; qu’en 1780, j’étais dans l’ivresse causée par Sara ; qu’en 1781, j’étais dans la douleur causée par la même ; qu’en 1782, j’étais tranquille ; qu’en 1783, j’étais doucement agité par mon goût pour madame Maillard ; qu’en 1784, j’étais tremblant pour ma Paysane pervertie, qui était menacée ; qu’en 1785 j’étais étonné des pertes que j’avais évitées cette année ; qu’en 1786 je composais les Parisiennes ; qu’en 1787 je commençais les Nuits de Paris ; qu’en 1788 je les achevais ; qu’en 1789 je ve-

  1. Nuits de Paris, t. XVI, p. 414 et suiv.
  2. Poinot.