Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/75

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L’année suivante, à propos de L’École des pères, il appelle Restif « un des plus robustes cyclopes de la forge de Jean-Jacques ». Plus tard, il reconnaît les mêmes qualités, les mêmes défauts dans La Malédiction paternelle (1779), Les Contemporaines (1780), La Dernière aventure (1783). La Paysanne pervertie lui semble remplie de situations ingénieuses, de caractères naturels et vrais, de peintures pleines de coloris et de passion : « Il y a, dans ces tableaux, une chaleur, une négligence, une vérité de style qui donne de l’intérêt et même une sorte de vraisemblance aux événements les plus extraordinaires et les plus légèrement motivés. La bonne foi de l’imagination de l’auteur est, si l’on peut s’exprimer ainsi, la magie de son talent. »

Le rédacteur de la Correspondance secrète, Métra, se montre plus enthousiaste encore, sans en avoir l’air. A première lecture, Le Paysan lui paraît scandaleux. Il s’étonne que la police n’en ait point interdit la vente. Le succès de l’ouvrage le radoucit. Il a fini par s’apercevoir qu’ « au milieu des fautes de langage, des longueurs, etc.. il fourmille de traits de génie ». Il plaisante l’auteur sur son ancien métier et joue sur les mots en l’appelant « l’homme de lettres, le com- positeur par excellence, qui a été prote, compositeur d’imprimerie ». Mais ce prote a du moins « l’avantage d’avoir un faire, une manière à lui, et d’offrir des tableaux vrais de ce qui se passe journellement dans les classes inférieures de la société ».

D’après le même Métra, Les Contemporaines