Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/76

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sont d’abord « des contes à dormir debout ». Cependant l’ouvrage s’enlève, et il y revient : « Il est peu d’hommes qui reconnoissent leurs femmes parmi les héroïnes de ces aventures, mais il n’est pas de femme qui n’y reconnoisse sa voisine, trait pour trait… En général ces petits ouvrages respirent une morale pure et même un peu sévère, comme celle de la soumission des épouses à leurs maris. » Ce mot est bien du temps.

D’autres critiques ne se laissent point désarmer, et condamnent Restif, qui les classe parmi « ces puristes » dont il a horreur. La Harpe surtout est sa bête noire. La Harpe a écrit que le Paysan perverti « est, en général, l’assemblage le plus bizarre et le plus informe d’aventures vulgaires mal amenées, du plus mauvais style et du plus mauvais goût ».

C’était, en effet, peine perdue que chercher là du bon goût. Le terrain ne s’y prêtait pas. Cependant, La Harpe n’est pas plus injuste que ses confrères, car il ajoute : « Au milieu de ce chaos, on est tout étonné de trouver des morceaux qui prouvent de la sensibilité et de l’imagination[1]. »

  1. V. Mes Inscriptions, § 91, § 403, et Monsieur Nicolas : « Je ne me sais d’autres torts avec cet homme (La Harpe) que d’avoir l’énergie et l’imagination qu’il n’a pas. Il attaqua, dans le Mercure de 1777, deux de mes ouvrages, Le Paysan et L’École des Pères. Mais qu’y a-t-il de commun entre M. de La Harpe et moi ? Je n’ai aucune de ses qualités, il n’a aucun de mes défauts. Il versifie bien, il est correct, réglé, sage. Je ne versifie pas, je suis incorrect, désordonné et je porte quelquefois la chaleur de mon style ou la liberté de mes tableaux à un excès peut-être condamnable. A la vérité, j’ai souvent de l’onction…, mais M. de La Harpe