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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/82

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beaucoup questionné sur votre compte….. M. Lavater me retint près de quinze jours à Zurich[1], et nous avons souvent parlé de vous, dont il fait grand cas, et qu’il appelle le Richardson des Français[2] »

A force d’en entendre parler, les grands seigneurs voulurent avoir à souper l’auteur à la mode, et Restif se vit inviter par les ducs de Gesvres, de Mailly, de Montmorency, par la duchesse de Luynes, par la marquise de Clermont-Tonnerre. On trouve, dans Mes Inscriptions, la mention du fameux dîner des Académiciens d’Amiens, où de nobles convives avaient eu l’idée originale de se déguiser afin de voir l’auteur du Paysan au naturel.

Sous ce rapport, le Paris mondain n’a point changé ; il cajole encore et cajolera toujours l’homme dont on parle le plus.

Quoique d’un caractère un peu sauvage, Restif acceptait assez souvent des invitations qui lui permettaient d’étudier un monde inconnu : « J’ai vu, dit-il, le genre humain : les bonnes gens chez mon père ; la plate bourgeoisie à Auxerre ; la canaille à Paris ; la bonne bourgeoisie chez Butel-Dumont ; la magistra-

  1. La Reynière avait vu changer son exil en bannissement et quitté Domèvre en juillet 1788, d’où il était passé en Suisse.
  2. Une lettre du baron de Corberon, ministre du prince de Deux-Ponts, lui donne même le pas sur l’auteur de Clarisse : « Plus vaste et plus détaillé, votre plan nous annonce une observation singulièrement étendue et des résultats qui doivent embrasser presque toutes les classes de la société. C’est le projet d’un écrivain-citoyen. » (Les Contemporaines, 2e édition, t. XIX.)