Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/121

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belle saison, d’aller au sommet de l’âpre colline du Terrapion, contempler ce bourg naguère redouté, puis dire attendri : — « C’est là qu’elle est, ma’m’selle Colette, la bonne amie à mon père et ma mère ; plus jolie que ma’m’selle Colas, la cousine à M. l’Curé. » Mais rien au monde ne m’aurait fait descendre, pour entrer dans Vermenton ; je craignais obscurément d’y être retenu.

À mon retour dans mon village (sans doute obtenu de mes parents par Mlle Colette), on me crut aguerri, pendant mon séjour au dehors : on ne tarda pas à s’apercevoir que je n’en étais devenu que plus sauvage ; et les filles recommencèrent à me poursuivre. Cependant le péril ne vint pas de mes naïves compatriotes ; il fut causé par une étrangère… Si jeune encore, j’en suis déjà au moment de l’aventure la plus extraordinaire de ma vie, en elle-même, et par ses suites !

On sait que j’avais pour camarades d’école les jeunes Rameau : Edmond, François, Charles et Louis ne prenaient, ainsi que leur sœur Madelon, d’autres leçons que celles de maître Jacques ; que leur mère me haïssait, et cependant me mangeait de caresses, etc. Ses fils avaient la tête dure ; ils avaient peu d’esprit ; on les mettait au-dessous de moi dans les conversations du village, quoiqu’ils fussent plus riches ; leur mère le savait, et sa tendresse pour eux en souffrait. Elle avait tâché de me détruire dans l’esprit de Messire Antoine Foudriat, et elle eût réussi avec tout autre homme ; mais celui--