Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/175

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me donner… J’avais trouvé celui qu’il me fallait, l’agriculture.

Mon père, à qui sans doute ma mère avait parlé de ma lecture, me fît prendre la Bible, après souper : je lus le premier chapitre de la Genèse. Je demandai ensuite à mon père d’où vient qu’il n’y avait plus de sacrifices ? Il me répondit que nous avions le sacrifice du pain et du vin. — « Oh ! je préfère ceux des animaux ! — C’est qu’apparemment tu as de l’inclination pour être boucher. Les premiers hommes policés, qui sont les Indiens, avaient une telle horreur du sang, que lorsqu’en s’écartant de leurs climats chauds, ils furent obligés de se nourrir de chair, ils ne voulurent pas que tout homme pût tuer ; ils en firent un acte de religion et en chargèrent le Prêtre ; ils instituèrent que le sang de l’animal égorgé pour la nourriture des Humains, serait offert à Dieu, seul arbitre souverain de la vie et de la mort. » Mon père ajouta d’excellentes choses sur les sacrifices absolus, dégénérés des premiers et considérés comme un hommage direct à la Divinité : « Ils ne conviennent qu’à des peuples grossiers ; le sang et la douleur ne peuvent honorer la Source de vie : les animaux sont innocents ; leurs souffrances et leur destruction sont plutôt un outrage qu’un hommage à leur Producteur. » Je compris à peu près le sens de ce discours. Cependant un jour les chevaux ayant écrasé une poule, en rentrant dans leur étable, je proposai à Jacquot de l’offrir en