Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/59

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sang, nobles d’un jour ! Tous les hommes sont d’un sang égal ; l’éducation seule met une différence entre eux ! Ô nobles ! laissez là vos ancêtres, et fondez votre valeur sur votre propre mérite ! »

À ce discours de Pierre, tous les nobles stupéfaits se considérèrent sans parler. Enfin un De la Curne, sieur de Ste-Palaye, prit la parole :

— « J’étois étonné, » dit-il, « que Pierre ne fust pas noble ! mon étonnement a cessé. » Ce trait suffit pour faire connaître mon aïeul. Revenons à moi.

Je me propose aujourd’hui un plan beaucoup plus étendu que celui de la Vie de mon Père. Là, je voulais représenter un vertueux paysan, excellent cultivateur, bon père de famille : je n’en ai pu trouver de meilleur que mon père, et c’est mon père que j’ai peint. Ici, je prétends dévoiler les ressorts du cœur humain, dans un Sujet actif dont les passions eurent, à tout âge, cette énergie qui ne permet jamais la nullité. Après avoir attentivement considéré beaucoup de personnes, j’ai désespéré de les pénétrer suffisamment pour rendre, et leurs pensées, et les motifs de leurs actions. Je le répète (car il faut le persuader), je n’ai vu que moi-même, et moi seul, que je pusse absolument, entièrement dévoiler : je n’ai trouvé que moi, dont je pusse, à chaque con-