Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 1, 1883.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils se fâchent contre vous, et que non seulement ils lui passent tous ses petits torts envers eux, mais qu’ils vous cachent ses fautes à leur encontre ; ce qui l’enhardit à les commettre. Mais, ma chère fille, je ne saurais croire que votre fils ait un mauvais cœur. Laissez-moi l’observer, pendant ces deux fêtes, que je vais passer chez vous ; et devant que de partir, je vous dirai au juste ce qu’il en est, sans vous flatter, afin que son père et vous y portiez remède. »

Le respectable Nicolas Ferlet, pendant les deux fêtes, m’eut toujours avec lui. À son arrivée, il avait gagné mon amitié par du sucre et des châtaignes. Il me mit à différentes épreuves, pour connaître le fond de mon caractère. Je n’étais pas difficile à pénétrer. Le soir du second jour, après que la famille se fut retirée, mon aïeul dit à son gendre et à sa fille :

— « Mes enfants, vous me voyez bien joyeux : je connais le petit Nicolas, comme je connais sa mère. Il a l’enfance que vous avez eue, ma bonne Barbare ; et si, vous avez été bonne fille, et si, vous êtes bonne femme. Votre garçon est spirituel, et pourtant naïf ; il est haut, non de dureté, mais par dignité d’être ; impatient, comme vous l'étiez, ma fille, à son âge, de l’humiliation, et de toute domination injuste. Il se croit autant que le fils d’un roi, et n’entend rien souffrir des autres, pas même de vous, sa mère. Je l’ai voulu éprouver de toutes façons, et demain au matin